La production locale des vêtements est depuis longtemps importante pour moi… jusqu’à récemment.
Je soutiens la fabrication des vêtements au Canada. Cela crée des emplois pour les gens d’ici et l’achat favorise l’économie locale. C’est aussi favorable pour l’environnement. Pas besoin de faire voyager les vêtements d’un continent à l’autre. On pollue donc moins. Et à en croire mes parents et grands-parents : la qualité était meilleure quand les vêtements n’étaient pas tous fabriqués en Chine.
C’est vrai. Et je soutiens encore certains de ces points. Cependant, je nuance ma réflexion. Surtout depuis que j’ai réalisé un projet sur l’industrie de la mode et où j’ai eu la chance de parler avec des acteurs du domaine.
Avec la fabrication dans les industries asiatiques, les emplois perdus au Canada et au Québec (car Montréal est le premier lieu pour la confection de vêtements au pays) sont surtout des emplois d’opérateurs de machines à coudre ou de couturières. C’est ce qu’affirme Michèle Beaudoin, professeure à l’UQAM, avec qui j’ai pu discuter en décembre. Oui, c’est dommage. Mais d’un autre côté, les emplois en design de mode, en commercialisation et en gestion de commerce ne sont pas touchés. De plus, le Québec a besoin de gens qualifiés qui s’occuperont des importations et exportations, de la gestion de ces manufactures à l’étranger et de la gestion des commerces ici.
Les conditions de travail au Canada sont surement meilleures, j’avoue. Cependant, c’est un travail qui se paye. Pour avoir des vêtements abordables et concurrentiels, ce n’est pas l’idéal. Pour que les industries d’ici survivent, il faut baisser les prix.
Malheureusement, je manque de connaissance sur la qualité de travail dans les manufactures en Asie ou en Afrique. Si les conditions ne sont pas les meilleures, c’est aux gestionnaires canadiens et québécois à s’assurer que les usines où leurs vêtements sont fabriqués sont sécuritaires et que leurs employés sont payés convenablement.
Ensuite, la fabrication des vêtements au Canada est profitable pour l’environnement seulement si toute la chaine de production est locale, évidemment. Si les tissus viennent d’Afrique ou d’Asie, cela ne change pas grand-chose au transport des marchandises. Celle-ci provient tout de même de très loin. De même, le transport est un polluant important au Canada. Que les vêtements soient fabriqués ici ou non, cela ne fera pas une grosse différence sur l’environnement.
Que dire de la qualité? Est-elle réellement meilleure, car les vêtements sont produits localement? Production locale ne rime pas nécessairement avec qualité. J’ai acheté certains morceaux fabriqués ici pour un prix similaire aux vêtements fabriqués en Chine ou au Bangladesh et la qualité semblait la même. Peut-être que pour des vêtements plus luxueux (donc hors de mon budget) la qualité est supérieure aux produits « made in China ».
Encore faut-il que les vêtements plus luxueux soient faits au Canada. Bien des compagnies de luxe et des designers font affaire avec des manufactures en orient. J’ai peine à croire que la qualité sera supérieure.
Enfin, je n’affirme pas que la production dans les manufactures asiatiques soit meilleure. Je pense seulement que les produits faits au Canada ne sont pas d’aussi bonne qualité que j’aurais pu le croire, surtout pour le prix. Les vêtements, où qu’ils soient faits, amènent des avantages et des inconvénients.
Pour moi, la solution est d’encourager les entreprises d’ici. Autant les grosses bannières comme Simons, Garage (Dynamite) ou Jacob qui font le design de leurs vêtements ici et qui gardent leur siège social au Québec même si la confection est faite ailleurs. Il faut aussi encourager, si les moyens nous le permettent, les designers locaux dont la production locale des vêtements est fait dans de petits ateliers et qui assurent de bonnes conditions de travail à leurs employés. L’achat local est beaucoup plus bénéfique pour nous que tout le reste.