La mode est de plus en plus « fait en Chine ». Cette décision est souvent critiquée. Alors, pourquoi une compagnie locale de Québec a-t-elle tout de même décidé d’exporter sa production en Asie?
Le 20 avril, dans le cadre de la semaine de la Fashion Revolution, la section de Québec a organisé une conférence. Quatre marques ou designers étaient présents pour discuter de l’importance de la mode locale.
Greg et Pierre-Nicolas ont soulevé des points intéressants concernant leur production qui est passée de mains québécoises à une industrie en Asie. La production en Chine reste obscure pour la plupart des gens, c’est pour cela qu’il faut essayé de savoir ce qui se cache derrière l’étiquette.
Le cas de Plenty Humanwear
Plenty Humanwear est une marque de Québec créée en 2008. La marque met de l’avant un héritage canadien mélangeant streetwear et outerwear. À ses débuts, Plenty Humanwear produisait ses vêtements au Canada. Cela faisait même partie de son branding. Aujourd’hui, 80% de la production est faite en Chine.
Qu’est-ce qui a amené Plenty à prendre cette décision? La compagnie a rapidement grossi. Pour produire des vêtements qui suivent les tendances et le design souhaité, la production ne pouvait plus se faire au Québec. « On veut faire ce qu’on veut. », affirme le cofondateur Greg Desjardins. Ce n’était pas possible pour eux d’avoir des couleurs précises, par exemple, au Québec.
L’industrie manufacturière avait une grande place au Québec durant tout le siècle dernier. Malheureusement, la mondialisation de la mode a fait en sorte que ces entreprises sont en déclin. De plus, il y a un énorme manque de main-d’oeuvre au Québec. « C’est quand même difficile. La première usine avec qui on a fait affaire en Beauce nous a dit qu’il n’y a aucune relève pour son équipe qui est sur le plancher et que son usine va surement fermer. Non pas par manque de travail, mais pas manque de relève », confit Pierre-Nicolas Lessard.
Fait en Chine
La fabrication en Chine devient donc une solution pour créer des vêtements qui suivent les tendances sans couter une fortune. La main d’oeuvre y est présente, l’expertise aussi. L’équipe peut choisir exactement les textiles qu’elle désire et créer des vêtements de qualité avec des détails uniques. « La Chine, c’est les pros de tout. Ils sont vraiment forts », n’hésite pas à dire les cofondateurs.
L’usine où fait affaire Plenty est inspectée. Les femmes qui y travaillent sont majeures et travaillent dans de bonnes conditions, selon les dires des cofondateurs. « Pour avoir marché dans les usines au Québec et avec les photos qu’on a vues et les rapports qu’on a, les qualités de travail et de la machinerie qu’on utilise sont beaucoup mieux en Chine que ce qu’on a vu ici au Québec. Je te dirais que la plus grande différence, c’est surtout le salaire. »
Ce modèle d’affaires permet à l’entreprise de se concentrer sur la conception et le design (qui sont faits localement) et au marketing. Il est difficile de survivre dans ce milieu compétitif et le « fait en Chine » permet à Plenty de gagner du temps qu’elle n’aurait pas autrement. « 90% du temps qu’on passait sur la production, on l’a remis ailleurs. On le passe sur le développement de l’image de notre marque. » Même si la production ne l’est plus, le coeur et la créativité sont locaux.
Que pensez-vous du « fait en Chine »?